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A propos des idioties primitives
Les balbutiements de ma série « Idiotie primitive » sont nés en 2022, peu de temps après que les générateurs d’images par intelligence artificielle aient été démocratisés. Après avoir été successivement ahuri puis troublé par les infinies possibilités de ces outils et in extenso par l’obsolescence potentiellement programmée de l’artiste-photographe, j’ai été fasciné par les imperfections de certaines créations, notamment les mains dont le nombre de doigts était approximatif ou encore des objets métalliques à l’aspect plus organique qu’industriel.
Ayant cependant eu conscience qu’il s’agissait là des balbutiements d’une révolution où l’IA serait sans cesse plus performante et avec une présence croissante dans notre vie quotidienne voire dans nos corps, je me suis posé des questions relatives à la place et au rôle de l’artiste dans ce contexte. Comment et pourquoi poursuivre son œuvre si à terme la machine devenait plus intelligente, inspirée, “talentueuse” ?
Ce à quoi j’ai ébauché une réponse très personnelle : créer pour le plaisir pur de l’acte créatif – stimulateur indémodables des sens : vue, toucher, odorat.
Me retrouver dans un atelier, à greffer de scotch mes modèles et des objets du quotidien, les peindre, les photographier et en post production triturer ces images jusqu’à brouiller les pistes en une possible compréhension… voilà qui est suffisamment divertissant pour ne pas abdiquer. Une démarche qui flirte par ailleurs avec plusieurs mouvements artistiques qui me tiennent à cœur : l’art corporel , la performance, le posthuman et le cinéma…
Aller à contre-courant de ce que l’intelligence artificielle permet et permettra en étant volontairement moins précis et assurément lo-fi, donner vie telle une Mary Shelley à des Frankenstein non genrés, du posthuman à usage modéré voire superflu, voilà une bien belle idiotie primitive dans laquelle j’aime me reconnaître.
Gui Brigaudiot, décembre 2023